La Société du Canal de Provence mise sur la donnée pour optimiser la gestion des réseaux d’eau face au défi du dérèglement climatique

Depuis plus de 60 ans, les quelques 600 collaborateurs de la Société du Canal de Provence – située en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) – mettent leurs savoir-faire au service de cette ressource indispensable à la vie des territoires. Plus précisément, en tant qu’opérateur du domaine de l’eau, l’entreprise pilote un patrimoine hydraulique de grande ampleur qu’elle exploite et entretient au profit des usages d’un très grand nombre d’acteurs de la région Sud, que sont les industriels, les collectivités locales, les particuliers et les exploitants agricoles. 

À la fois concessionnaire du réseau de distribution d’eau brute pour le compte de la Région Sud, société d’ingénierie, société de service, et producteur d’énergie renouvelable, la Société du Canal de Provence poursuit depuis l’origine un objectif clair : gérer les ressources en eau de manière efficiente, qualitative et adaptée. Une ambition forte, dans le contexte de dérèglement climatique, que l’entreprise choisit de soutenir en investissant massivement dans les nouvelles technologies, et ce de longue date. 

C’est dans cette approche de l’innovation que naît « REImu », un projet technologique ambitieux, centré sur la donnée et au service de l’eau. Denis Buscaglia, Directeur des systèmes d’information au sein de la Société du Canal de Provence, et Frédéric Bonnadier, Directeur de projet en charge de REImu, nous racontent. 

Collecter de façon efficace les informations de consommation des réseaux de distribution

REImu – pour « Réseaux d’Eau Intelligents multiusages » – débute en 2020 et porte essentiellement sur l’activité de concessionnaire de la Société du Canal de Provence. « Si les ouvrages principaux de transport et de stockage sont équipés depuis longtemps de systèmes de supervision et de régulation, les réseaux de distribution eux, sont encore peu instrumentés » constate Frédéric Bonnadier. De fait, la télétransmission et la télégestion pour la régulation dynamique du canal de Provence, le contrôle-commande des stations de pompage ou la télésurveillance des 150 postes de livraison des clients urbains et industriels sont déjà effectives. Mais jusqu’au démarrage du projet, seul le relevé manuel annuel permettait d’évaluer la consommation au niveau des 65 000 points de comptage qui desservent les 50 000 clients ruraux branchés sur les réseaux de distributions (6 000 km de canalisations). « Les clients ruraux sont une part importante de la consommation d’eau de la région, particulièrement dans le cadre des activités d’irrigation agricole » précise Frédéric Bonnadier. Ces dernières représentent jusqu’à 20% des volumes consommés sur nos réseaux, mais leur débit est prédominant lors des périodes de pointe.  

Un périmètre de consommation aussi conséquent que stratégique, que l’entreprise entend mieux appréhender. « L’objectif de REImu est de nous permettre de collecter et valoriser les données émanant de ces réseaux de distribution, afin d’obtenir une vision beaucoup plus fine de la consommation d’eau ». Il s’agit là de gagner en efficacité dans le suivi de la consommation d’eau, au profit des clients et des territoires par des services en ligne et de nouvelles solutions contractuelles, tout en concevant de nouveaux réseaux et en rénovant les infrastructures existantes. « Nous nous inscrivons dans une approche globale à l’échelle d’une région, en cohérence avec les impératifs climatiques d’aujourd’hui ». 

Compteurs communicants, Cloud… Construire une infrastructure centrée sur la data

C’est accompagnées de la société JEMS, premier industriel de la donnée en Europe, que les équipes de la Société du Canal de Provence planchent alors sur la mise en œuvre de la plateforme de données au centre de REImu. « REImu est un projet particulièrement complexe qui se déploie et a un impact sur plusieurs années » souligne Denis Buscaglia. Raison pour laquelle il a été décidé de s’orienter vers des technologies – IoT, Cloud, data visualisation, Big Data – facilement déployables et dotées d’infrastructures évolutives. C’est l’environnement Microsoft qui est retenu en ce sens : « Le choix de recourir aux technologies Microsoft est le fruit d’une convergence entre les préconisations techniques émises par les intégrateurs du projet, et nos besoins d’évolutivité » détaille Denis Buscaglia.   

Le programme REImu se découpe en six projets techniques et fonctionnels, pour le déploiement des équipements nécessaires dont les compteurs communicants, et pour le développement de cas d’usage. Mais au cœur de REImu il y a la plateforme « Big Data », outil fondamental pour la collecte, le stockage et la valorisation des données qui repose sur plusieurs technologies Microsoft que sont Microsoft Azure Data Lake, Data Factory et Databricks, Purview ou encore Power BI. « Cette plateforme est aujourd’hui pleinement opérationnelle, sécurisée, maîtrisée par nos équipes et enrichie au fur et à mesure que nous développons de nouveaux cas d’usage et que nous installons de nouveaux compteurs communicants sur le terrain » se réjouit Frédéric Bonnadier. 

Déployer des cas d’usage représentatifs et pertinents, grâce aux solutions Microsoft

Les cas d’usage, justement, sont autant d’aboutissements contribuant à la réussite de REImu. « JEMS nous accompagne dans l’implémentation de cas d’usage qui doivent être à la fois adaptés au contexte propre à notre activité de concession, et en mesure de collecter et de valoriser correctement les données de différentes sources dont celles émanant des compteurs communicants ». Les premiers cas d’usage implémentés ont été l’exploitation des télérelevés de consommation pour la facturation, ou encore la mise en place de services numériques destinés aux clients, comme le suivi de consommation via des graphiques, d’alertes en cas de suspicion de fuite ou de dépassement de seuil fixé par l’usager. D’autres cas d’usage concernent l’utilisation de données d’observation et de prévision météo, pour affiner les conseils à l’arrosage auprès des particuliers, et l’exploitation d’informations agro-météorologiques pour aider les filières agricoles à prévenir les aléas climatiques.

Autre cas d’usage notable : l’utilisation des données issues des compteurs communicants directement par les équipes de la Société du Canal de Provence. Couplées à Power BI, ces données donnent à l’entreprise les moyens d’avoir une vision à sept jours et heure par heure du niveau de consommation. « Grâce à Power BI, nous sommes non seulement en mesure de visualiser la consommation d’eau mais également d’identifier finement les zones de plus forte consommation dans la période. C’est une véritable aide à la prise de décision » développe Frédéric Bonnadier. « Power BI nous donne les moyens de visualiser et de suivre la consommation en tenant compte de l’aspect géographique. Une fonction essentielle pour notre activité » complète Denis Buscaglia. 

Gagner en temps, en performance et élever les consciences : les promesses de la technologie

Alors même que le projet n’est pas encore finalisé, les premiers bénéfices de REImu se concrétisent donc, et impactent l’activité de l’entreprise à différents niveaux. À titre d’exemple, l’optimisation du traitement des télérelevés de consommation offre des gains de temps immédiats : « La technologie facilite la remontée d’informations sur toute la chaîne. Grâce à cela, nos exploitants évitent de nombreux déplacements sur le terrain pour relever manuellement chaque compteur » indique Frédéric Bonnadier. 

REImu génère aussi de nombreux gains de performance, avec une meilleure information disponible pour les clients et la possibilité de densifier les dessertes des réseaux de distribution dès lors que cela s’avère nécessaire. En parallèle, le projet participe pleinement à transformer les mentalités des usagers de l’eau, comme l’explique Denis Buscaglia. « REImu est un outil dédié à favoriser une consommation responsable. Il est important de susciter une prise de conscience quant au caractère précieux de la ressource et de sensibiliser nos clients en ce sens ». 

Préserver les ressources au plus juste, un investissement de long terme

L’année 2022 a été nettement marquée par des sécheresses généralisées, l’année 2023 l’est également. « Cette situation est appelée à se reproduire dans les années à venir » déplore Frédéric Bonnadier. Un état de fait qui place l’usage rationnel et maîtrisé de l’eau au cœur des préoccupations, incitant les équipes à continuer d’investir dans une démarche de long terme. Ainsi, demain, de nouvelles innovations verront le jour comme la création de nouveaux services numériques à forte valeur ajoutée et la mise en place d’outils capables de détecter plus rapidement des fuites qui adviendraient sur les réseaux. 

Enfin, le recours à l’intelligence artificielle (IA) fait également partie des priorités des prochains mois. L’idée ici est d’aller encore plus loin dans l’exploitation des données collectées par les compteurs communicants : « Nous menons actuellement un travail exploratoire pour étudier la valorisation de ces données par l’IA et améliorer nos prévisions de consommation ainsi que notre connaissance des usages de l’eau au sens large ». 

En région Sud Provence Alpes Côte d’Azur, le futur de l’eau s’écrit donc avec les nouvelles technologies…